Dans cet article (écrit en versions française et anglaise), Thierno Mohamadou Diallo analyse la configuration gouvernementale actuelle, en mettant en lumière les préoccupations concernant les positions ministérielles étendues proposées. Et plaide en faveur d’un modèle plus économe et efficace, inspiré par des exemples réussis d’autres nations telles que la Nouvelle-Zélande et le Rwanda.
Bonne lecture !
Je rédige cet article en réponse à la récente présentation du cadre gouvernemental par les autorités de la transition en Guinée, qui sera dirigé par le Premier Ministre Bah Oury. À la lumière de cette évolution, il est primordial de prendre un moment pour examiner de manière critique le raisonnement derrière la proposition d’établir un nombre substantiel de 27 postes ministériels, avec deux Secrétariats supplémentaires, portant le total à 29 portefeuilles. En tant que Guinéen patriote profondément investi dans la prospérité et le développement de notre nation, je présente cet article d’opinion pour une considération réfléchie.
L’annonce de la structure ministérielle indique un pas vers la gouvernance, mais l’ampleur même de cette configuration suscite des préoccupations et nécessite un examen approfondi. Penchons-nous sur les chiffres : 27 ministres, accompagnés de deux Secrétaires Généraux, chargés de superviser divers secteurs du gouvernement. Cette configuration non seulement aggrave la complexité administrative, mais impose également un fardeau financier important sur les coffres de l’État. Chaque nomination ministérielle entraîne des coûts substantiels – des allocations de véhicules extravagantes à des arrangements luxueux de logement, des avantages médicaux somptueux et des dépenses de voyage excessives. Dans un pays où les ressources sont souvent rares, une telle dépense extravagante pour les privilèges ministériels est indéfendable.
Face à ces préoccupations, il est impératif d’adopter une approche plus pragmatique de la gouvernance. Plutôt que de perpétuer un système d’excès, plaider en faveur d’une structure gouvernementale plus économe est essentiel. Je propose un maximum de 13 ministres, complétés par deux Secrétaires, pour rationaliser les opérations et alléger la pression sur le budget national. Ce cadre plus économe permettrait non seulement d’améliorer l’efficacité, mais aussi de démontrer un engagement envers la responsabilité financière et la gestion prudente des ressources.
Pour élargir la discussion sur la nécessité d’une structure gouvernementale plus économe, considérons un exemple typique d’une situation similaire ailleurs. De nombreux pays à travers le monde ont reconnu les avantages de rationaliser leur appareil gouvernemental pour améliorer l’efficacité et réduire les coûts. Un tel exemple est l’approche de la Nouvelle-Zélande en matière de restructuration gouvernementale dans les années 1980 et 1990[1]. Au cours de cette période, la Nouvelle-Zélande a entrepris d’importantes réformes visant à réduire la taille et la complexité de son gouvernement. L’une des principales initiatives était l’adoption d’une structure de cabinet minimaliste, limitant le nombre de ministres à quelques-uns, chacun supervisant plusieurs portefeuilles. Cette approche, connue sous le nom de « consolidation ministérielle », visait à rationaliser les processus de prise de décision, à renforcer la coordination entre les agences gouvernementales et à améliorer la responsabilité.
Les résultats des réformes de la Nouvelle-Zélande ont été remarquables. En consolidant les portefeuilles ministériels et en réduisant les chevauchements bureaucratiques, le gouvernement a réalisé des économies importantes et amélioré la prestation de services. De plus, la structure rationalisée a permis un développement et une mise en œuvre de politiques plus cohérents, entraînant de meilleurs résultats pour les citoyens.
Un autre pays africain qui a subi une rationalisation significative de sa structure gouvernementale est le Rwanda. Après le génocide dévastateur de 1994, le Rwanda s’est engagé dans une voie de réforme et de reconstruction visant à reconstruire la nation et à favoriser un développement durable. Dans le cadre de ce processus, le gouvernement rwandais a mis en œuvre d’importantes réformes pour rationaliser sa bureaucratie et améliorer l’efficacité de la gouvernance. L’une des principales initiatives entreprises par le Rwanda a été la réduction des portefeuilles ministériels et la consolidation des fonctions gouvernementales. En 2008, le Président Paul Kagame a annoncé une importante réorganisation du cabinet, réduisant le nombre de ministères de 31 à 26. Cette mesure visait à éliminer les doublons de rôles, à améliorer la coordination entre les agences gouvernementales et à renforcer la prestation de services aux citoyens[2]. En consolidant les portefeuilles ministériels, le Rwanda a cherché à créer une structure gouvernementale plus efficace et plus efficace capable de répondre plus rapidement et plus cohéremment aux besoins de ses citoyens. Le cabinet rationalisé a également permis au gouvernement d’allouer les ressources de manière plus judicieuse, en se concentrant sur des domaines prioritaires tels que la santé, l’éducation et le développement des infrastructures.
Les résultats de la restructuration gouvernementale du Rwanda ont été impressionnants. Le pays a enregistré des améliorations significatives de l’efficacité de la gouvernance, de la transparence et de la prestation de services. De plus, le Rwanda figure régulièrement parmi les meilleurs performeurs en Afrique en termes de facilité de faire des affaires et d’efficacité de la gouvernance, reflétant le succès de ses efforts de réforme.
S’inspirant des expériences de la Nouvelle-Zélande et du Rwanda, la Guinée a beaucoup à gagner en adoptant une approche similaire de la gouvernance. Un aspect clé consiste à limiter le nombre de ministres à un maximum de 13, complété par les deux Secrétaires. Cette démarche stratégique vise à rationaliser les opérations, à réduire les coûts administratifs et à améliorer l’efficacité globale au sein du gouvernement. Ainsi, l’adoption d’une telle structure plus économe non seulement favorise des lignes de responsabilité plus claires, mais renforce également la coordination entre les ministères, facilitant ainsi des processus de prise de décision plus efficaces. De plus, cela souligne l’engagement de la Guinée envers la responsabilité financière et la gestion prudente des ressources, résonnant positivement tant auprès des acteurs nationaux qu’internationaux.
En réallouant les ressources vers des domaines critiques tels que la santé, l’éducation et les infrastructures, la Guinée peut mieux répondre aux besoins de sa population et favoriser un développement durable. L’expérience du Rwanda constitue un exemple pertinent, illustrant le potentiel transformateur d’une structure gouvernementale plus économe pour stimuler l’efficacité et promouvoir un développement holistique. Les postes ministériels proposés sont les suivants :
- Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme
- Ministère de la Défense Nationale, de la Sécurité et de la Protection Civile
- Ministère des Affaires Étrangères, de l’Intégration Africaine et des Guinéens de l’Extérieur
- Ministère de l’Économie, des Finances, du Budget, de la Planification & de la Coopération Internationale
- Ministère du Travail, de la Fonction Publique, de l’Infrastructure & des Travaux Publics
- Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage
- Ministère des Terres, Mines, Géologie, Énergie, Hydraulique et Hydrocarbures § Département de l’Urbanisme, du Logement et de l’Aménagement du Territoire § Département de l’Environnement et du Développement Durable
- Ministère du Commerce, des Transports, de l’Industrie, des PME, de la Pêche et de l’Économie Maritime
- Ministère de l’Éducation, de la Recherche Scientifique, de l’Innovation Technique
- Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique
- Ministère de l’Information, des Postes, des Télécommunications et de l’Économie Numérique
- Ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat
- Ministère de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables
- Secrétariat Général du Gouvernement
- Secrétariat Général des Affaires Religieuses
L’histoire à succès du Rwanda met en évidence comment une attention portée à la réduction des inefficacités bureaucratiques et à la priorisation des secteurs clés peut propulser une nation en avant, améliorant ainsi le bien-être de ses citoyens. La Guinée peut tirer des enseignements précieux de la trajectoire du Rwanda, les utilisant pour optimiser son propre appareil gouvernemental et renforcer l’efficacité de la gouvernance.
En outre, alors que nous traçons notre chemin vers un gouvernement plus efficace, la priorisation de la transparence et de la responsabilité devient impérative. La mise en œuvre de la déclaration obligatoire des avoirs pour tous les membres du pouvoir exécutif avant leur prise de fonction apparaît comme une mesure cruciale dans cette direction. En exigeant des fonctionnaires qu’ils déclarent leurs avoirs, nous atténuons non seulement les risques de corruption, mais nous maintenons également les normes d’intégrité les plus élevées parmi ceux investis d’autorité.
De plus, la prolifération actuelle des postes ministériels en Guinée se révèle insoutenable et financièrement irresponsable. Il est temps pour une réévaluation fondamentale, en adoptant un modèle de gouvernance plus économe et plus efficace. En réduisant le nombre de ministres et en instituant des mesures pour renforcer la transparence et la responsabilité, nous posons les bases pour un avenir plus radieux pour la Guinée. Ainsi, l’adoption d’une structure gouvernementale plus économe devient indispensable pour surmonter les obstacles posés par la bureaucratie excessive et la pression fiscale.
En conclusion, en puisant l’inspiration dans des paradigmes réussis exemplifiés par des nations comme la Nouvelle-Zélande et le Rwanda, la Guinée peut rationaliser ses opérations, améliorer son efficacité et incarner un engagement envers une gouvernance responsable. Par la mise en œuvre de ces réformes, la Guinée peut ouvrir la voie vers un avenir plus prospère et plus durable pour ses citoyens, marquant un bond transformateur vers le progrès.
Par Thierno Mohamadou Diallo
Enseignant-Chercheur en Relations Internationales et en Anglais
Université Général Lansana Conte – Sonfonia, Conakry
Email:tmdiallo2019@gmail.com
(English version)
Rethinking Guinea’s Ministerial Structure –Advocating for a Leaner Government in Guinea
I am composing this article in response to the recent unveiling of the government framework by the authorities of the transition in Guinea, to be helmed by Prime Minister Bah Oury. In light of this development, it is paramount to take a moment and critically assess the reasoning behind the proposed establishment of a substantial 27 ministerial positions, with two supplementary Secretariats, bringing the total to 29 portfolios. As a patriotic Guinean deeply invested in the prosperity and development of our nation, I present this opinion piece for thoughtful consideration..
The announcement of the ministerial structure signals a step towards governance, yet the sheer scale of this setup raises concerns and warrants thorough scrutiny. Let’s delve into the numbers: 27 ministers, accompanied by two Secretary Generals, tasked with overseeing various sectors of the government. This configuration not only exacerbates administrative complexity but also imposes a significant financial burden on the state coffers. Each ministerial appointment entails substantial costs – from extravagant vehicle allowances to opulent housing arrangements, lavish medical benefits, and excessive travel expenses. In a country where resources are often scarce, such extravagant spending on ministerial perks is indefensible.
In light of these concerns, it is imperative to embrace a more pragmatic approach to governance. Rather than perpetuating a system of excess, advocating for a leaner government structure is essential. I propose a maximum of 13 ministers, supplemented by the two Secretaries, to streamline operations and alleviate the strain on the national budget. This leaner setup would not only enhance efficiency but also demonstrate a commitment to fiscal responsibility and prudent resource management.
To broaden the discussion on the need for a leaner government structure, let’s consider a typical example from a similar scenario elsewhere. Many countries around the world have recognized the benefits of streamlining their government apparatus to improve efficiency and reduce costs. One such example is New Zealand’s approach to government restructuring in the 1980s and 1990s[3]. During this period, New Zealand undertook significant reforms aimed at reducing the size and complexity of its government. One of the key initiatives was the adoption of a minimalist cabinet structure, which limited the number of ministers to a select few, each overseeing multiple portfolios. This approach, known as « ministerial consolidation, » aimed to streamline decision-making processes, enhance coordination across government agencies, and improve accountability.
The results of New Zealand’s reforms were remarkable. By consolidating ministerial portfolios and reducing bureaucratic overlap, the government achieved significant cost savings and improved service delivery. Furthermore, the streamlined structure allowed for more coherent policy development and implementation, leading to better outcomes for citizens.
Another African country that has undergone a significant streamlining of its government structure is Rwanda. Following the devastating genocide in 1994, Rwanda embarked on a path of reform and reconstruction aimed at rebuilding the nation and fostering sustainable development. As part of this process, the Rwandan government implemented extensive reforms to streamline its bureaucracy and improve governance efficiency. One of the key initiatives undertaken by Rwanda was the reduction of ministerial portfolios and the consolidation of government functions. In 2008, President Paul Kagame announced a major cabinet reshuffle, reducing the number of ministries from 31 to 26. This move aimed to eliminate duplication of roles, improve coordination between government agencies, and enhance service delivery to citizens[4]. By consolidating ministerial portfolios, Rwanda sought to create a more efficient and effective government structure that could respond to the needs of its citizens more swiftly and coherently. The streamlined cabinet also enabled the government to allocate resources more judiciously, focusing on priority areas such as healthcare, education, and infrastructure development.
The results of Rwanda’s government restructuring have been impressive. The country has experienced significant improvements in governance efficiency, transparency, and service delivery. Moreover, Rwanda has consistently ranked among the top performers in Africa in terms of ease of doing business and governance effectiveness, reflecting the success of its reform efforts.
Drawing inspiration from the experiences of both New Zealand and Rwanda, Guinea stands to gain significantly by embracing a similar approach to governance. One key aspect involves limiting the number of ministers to a maximum of 13, supplemented by the two Secretaries. This strategic move aims to streamline operations, curtail administrative costs, and enhance overall efficiency within the government. Thus, adopting such a leaner structure not only fosters clearer lines of responsibility but also bolsters coordination between ministries, thereby facilitating more effective decision-making processes. Furthermore, it underscores Guinea’s commitment to fiscal responsibility and prudent resource management, resonating positively with both domestic and international stakeholders.
By reallocating resources towards critical areas such as healthcare, education, and infrastructure, Guinea can better serve the needs of its populace and foster sustainable development. The case of Rwanda serves as a pertinent example, showcasing the transformative potential of a leaner government structure in driving efficiency and promoting holistic development.The proposed ministerial positions are as follows:
- Ministry of Justice and Human Rights
- Ministry of National Defense, Security and Civil Protection
- Ministry of Foreign Affairs, African Integration, and Guineans Abroad
- Ministry of Economy Finance, Budget, Planning & International Cooperation
- Ministry of Labor, Civil Service, Infrastructure & Public Works
- Ministry of Agriculture and Livestock
- Ministry of Lands, Mines, Geology, Energy, Hydraulics, and Hydrocarbons
- Department of Urbanism, Housing, and Territorial Planning
- Department of Environment and Sustainable Development
- Ministry of Trade, Transport, Industry, SMEs, Fisheries, and Maritime Economy
- Ministry of Education, Scientific Research, Technical Innovation
- Ministry of Health and Public Hygiene
- Ministry of Information, Posts, Telecommunications, and Digital Economy
- Ministry of Youth, Sports Culture, Tourism, and Handicrafts
- Ministry of Women’s Promotion, Child Welfare, and Vulnerable Persons
- General Secretariat of the Government
- General Secretariat for Religious Affairs
Rwanda’s success story highlights how a focus on reducing bureaucratic inefficiencies and prioritizing key sectors can propel a nation forward, enhancing the well-being of its citizens in the process. Guinea can glean invaluable insights from Rwanda’s trajectory, leveraging them to optimize its own governmental apparatus and bolster governance effectiveness.
Furthermore, as we chart our course towards a more effective government, prioritizing transparency and accountability becomes imperative. Implementing mandatory asset declaration for all members of the executive branch before assuming office emerges as a pivotal stride in this direction. By mandating public officials to disclose their assets, we not only mitigate corruption risks but also uphold the highest standards of integrity among those vested with authority.
Moreover, Guinea’s current proliferation of ministerial positions proves unsustainable and financially reckless. It’s time for a fundamental reassessment, embracing a leaner, more efficient governance model. By trimming ministerial numbers and instituting measures to bolster transparency and accountability, we lay the groundwork for Guinea’s brighter tomorrow. Hence, the adoption of a leaner government structure becomes indispensable for tackling the hurdles posed by excessive bureaucracy and fiscal strain.
In conclusion, drawing inspiration from successful paradigms exemplified by nations like New Zealand and Rwanda, Guinea can streamline its operations, elevate efficiency, and epitomize a commitment to responsible governance. Through the enactment of these reforms, Guinea can pave the path towards a more prosperous and sustainable future for its citizens, marking a transformative leap towards progress.
By Thierno Mohamadou Diallo
Lecturer Researcher of International Relations & English
Université General Lansana Conte -Sonfonia, Conakry
Email : tmdiallo2029@gmail.com