Nous savons tous très bien que Bah Oury a été nommé le 27 février 2024 pour assumer les fonctions de Premier ministre. S’il a déclaré, le 12 mars 2024, à RFI que «les processus de transition sont complexes d’un pays à un autre. Malheureusement, la Cédéao a toujours interprété la question de la transition comme une passation de pouvoir. Or, les causes fondamentales de la déstabilisation de la Guinée sont d’ordres beaucoup plus structurels. Donc, si nous voulons éviter la répétition de ces séries d’instabilité, il faut prendre en compte la nécessité d’un state-building, d’où la refondation », c’est qu’il dérape déjà.
Nous, nous aurions tous aimé qu’il reste dans le canevas accepté par la Cédéao, mais voilà ! Il est totalement hors-jeu quand il affirme que « 20-25 est une bonne période pour couronner l’ensemble du processus». Bien qu’il soit libre d’exprimer son opinion, il ne lui revient pas d’imposer sa vue et de décider que seul le projet de constitution sera soumis à un référendum cette année. Bah va jusqu’à assurer le service après-vente du régime en confiant à TV5 Monde depuis Kigali – où il a participé les 16 et 17 mai à l’Africa Ceo Forum – que «le calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel tel qu’il a été défini ne sera pas respecté» en 2024. Il parle comme si c’est lui qui tient la direction du pays à la place des membres du CNRD.
Je le dis, parce qu’au titre de ses fonctions et dans le contexte historique de la transition actuelle, il n’a pas compétence pour proroger tout seul le délai de la transition. J’ai dit.
Par Alpha Abdoulaye Diallo in Le Populaire du 20 mai 2024