Lors de sa Déclaration de Politique Générale (DPG), le Premier Ministre (PM) chef du gouvernement sénégalais, Ousmane SONKO, a introduit une réforme d’envergure : l’instauration de la réciprocité des visas. Cette mesure, motivée par un souci d’équité et de souveraineté, marque un tournant dans la diplomatie sénégalaise. Cependant, sa mise en œuvre soulève des préoccupations sur son impact potentiel, notamment si elle n’est pas soutenue par des politiques économiques et touristiques robustes. Nous allons explorer les implications de cette futur réforme, les leçons pour les autres nations africaines et les stratégies à adopter pour que de telles initiatives deviennent des succès diplomatiques et économiques.
Ousmane SONKO a défendu cette réforme en dénonçant les inégalités persistantes dans les relations migratoires : « La réciprocité des visas est une affirmation de notre dignité nationale. Il est temps que nous exigions un respect mutuel dans nos relations internationales. »
Cette position met en avant un enjeu crucial : l’Afrique doit cesser d’être perçue comme un simple espace de consommation ou de migration économique et devenir un partenaire respecté à l’échelle mondiale. En instaurant cette politique, le Sénégal veut poser les bases d’une diplomatie basée sur l’égalité et le respect des souverainetés réciproques.
L’histoire récente du Sénégal offre un précédent instructif. En 2013, une politique similaire imposant des visas payants pour les étrangers avait entraîné une chute brutale du tourisme. En seulement deux ans, le gouvernement avait dû revenir sur sa décision face à une baisse des recettes touristiques et à des protestations des acteurs économiques.
Sans une préparation économique solide, cette réforme pourrait :
– Réduire l’afflux de touristes, notamment ceux venant de l’Europe, de l’Amérique, et de l’Asie, qui génèrent des revenus importants.
– Dissuader les investisseurs étrangers, déjà hésitants à s’engager dans des environnements perçus comme instables.
– Affecter l’image internationale du Sénégal comme une nation ouverte et dynamique.
Pour que la réciprocité des visas soit un levier de souveraineté et non un frein au développement, elle doit s’inscrire dans une stratégie globale.
Donc des pistes à explorer :
1. Réinventer l’Attractivité Touristique
– Simplification des procédures: Mettre en place des visas électroniques faciles d’accès pour les touristes tout en maintenant des contrôles efficaces.
– Promotion ciblée : Lancer des campagnes internationales pour présenter le Sénégal comme une destination incontournable, malgré le nouveau régime de visas.
– Investissements dans les infrastructures : Améliorer les aéroports, les routes, et les hébergements pour renforcer l’expérience des visiteurs.
2. Diversification Économique
– Industrialisation locale: Profiter de la réforme pour attirer des investisseurs dans des secteurs tels que les énergies renouvelables, les mines, et l’agro-industrie.
– Encourager le tourisme intra-africain : Faciliter les échanges avec d’autres pays africains, en supprimant les visas pour les citoyens de la CEDEAO par exemple.
3. Diplomatie Culturelle et Économique
– Lancer des initiatives culturelles pour renforcer les liens avec les pays partenaires, comme des festivals, des expositions, et des collaborations artistiques.
– Exploiter les atouts naturels et culturels pour créer une marque pays forte, positionnant le Sénégal comme un leader régional.
La futur réforme sénégalaise offre une opportunité pour l’ensemble de l’Afrique de réfléchir à la manière d’harmoniser souveraineté diplomatique et développement économique.
Des conseils pour les autres nations africaines :
1. Bâtir des Alliances Régionales
– Encourager une politique migratoire commune au sein de blocs régionaux comme l’Union Africaine ou la CEDEAO. Une politique unifiée renforce le pouvoir de négociation de l’Afrique face aux puissances extérieures.
2. Miser sur l’Autonomie Économique
– Réduire la dépendance aux IDE étrangers en soutenant les entrepreneurs locaux et en stimulant l’innovation technologique.
– Créer des zones économiques spéciales pour attirer des investisseurs étrangers malgré des politiques migratoires plus restrictives.
3. Lancer des Réformes Complémentaires
– Mettre en place des systèmes éducatifs et sanitaires robustes pour retenir les talents locaux, limitant ainsi la fuite des cerveaux.
– Investir dans les infrastructures pour faire de l’Afrique un hub logistique et commercial incontournable.
Bien que l’initiative futur du PM Ousmane SONKO soit perçue comme un symbole fort de souveraineté, elle illustre aussi les défis auxquels sont confrontés les pays africains lorsqu’ils tenterons de redéfinir leurs relations avec le reste du monde.
Pour réussir, le Sénégal doit non seulement s’assurer que cette politique n’entrave pas son développement, mais aussi en faire un modèle pour l’ensemble du continent. Si l’Afrique peut allier souveraineté diplomatique, développement économique, et ouverture stratégique, elle se positionnera enfin comme une puissance respectée et incontournable sur la scène internationale.
En définitive, la réciprocité des visas doit être une opportunité de transformation, et non un simple instrument de fermeture.
Par Alamina Baldé