L’annonce de la cessation des financements de l’USAID en Afrique d’ici le 7 février 2025 représente bien plus qu’un simple changement de politique étrangère américaine. Elle symbolise une rupture, une opportunité pour le continent africain de se réapproprier son destin. Sous l’impulsion de l’administration Trump, relayée par des figures comme Elon Musk, cette décision, motivée par des considérations d’efficacité budgétaire, doit être perçue comme une invitation à repenser en profondeur les relations entre l’Afrique et le reste du monde. Loin d’être une mauvaise nouvelle, elle ouvre la voie à une nouvelle ère : celle de l’autonomie, de la dignité et de la coopération équitable.
Depuis des décennies, l’aide internationale, en particulier celle de l’USAID, a été présentée comme une nécessité pour le développement de l’Afrique. Pourtant, derrière cette façade généreuse se cachent souvent des logiques de contrôle et d’influence. L’Afrique n’a jamais eu besoin de charité. Ce dont elle a besoin, c’est de respect, de partenariats équilibrés et de la reconnaissance de sa capacité à se développer par elle-même, en s’appuyant sur ses propres ressources.
Des exemples récents montrent que l’Afrique peut parfaitement se passer de cette aide souvent empoisonnée. Prenons le Rwanda, un pays qui, après le traumatisme du génocide de 1994, a refusé de s’enfermer dans une logique d’assistanat. Sous la direction de Paul Kagame, le pays a mis en place des politiques audacieuses pour stimuler l’innovation, l’industrialisation et l’autosuffisance. Aujourd’hui, Kigali est devenu un pôle technologique et économique de premier plan, attirant des investissements directs étrangers sans compromettre sa souveraineté.
De même, l’Éthiopie, malgré ses défis internes, a su mobiliser ses ressources pour réaliser des projets structurants, comme le barrage de la Renaissance, financé principalement par des fonds locaux et des partenariats régionaux. Ces initiatives prouvent que l’Afrique a les moyens de ses ambitions, pour peu qu’elle s’en donne les outils.
L’aide internationale, bien que souvent présentée comme désintéressée, cache des réalités moins glorieuses. Les fonds de l’USAID, par exemple, ont souvent servi à promouvoir des intérêts géopolitiques américains, en soutenant des régimes complaisants ou en imposant des modèles économiques et sociaux inadaptés aux réalités locales. Cette aide a parfois étouffé l’innovation locale, découragé les investissements privés et maintenu les économies africaines dans un état de dépendance.
Avec la suspension du compte X de l’USAID et la mise hors service de son site web, une page se tourne. Cette décision, bien que motivée par des considérations internes américaines, offre à l’Afrique une chance unique de repenser son modèle de développement. Plutôt que de déplorer la fin de cette aide, nous devons y voir une opportunité de construire un avenir fondé sur des partenariats commerciaux équitables (B2B) et des investissements mutuellement bénéfiques.
L’avenir de l’Afrique réside dans des partenariats commerciaux solides et une intégration régionale accrue. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), lancée en 2021, en est une parfaite illustration. En supprimant les barrières tarifaires et en facilitant les échanges intra-africains, la ZLECAf crée un marché de 1,3 milliard de personnes, capable d’attirer des investissements et de stimuler une croissance endogène.
Des entreprises africaines comme Dangote Group au Nigeria, MTN en Afrique du Sud ou Safaricom au Kenya ont déjà démontré leur capacité à rivaliser sur la scène internationale. Ces succès doivent inspirer une nouvelle génération d’entrepreneurs et de leaders politiques à miser sur l’innovation locale, les ressources naturelles abondantes du continent et le capital humain africain.
La fin du financement de l’USAID en Afrique n’est pas une catastrophe, mais une invitation à l’autonomie. L’Afrique doit saisir cette occasion pour rompre avec les logiques de dépendance et construire un avenir fondé sur ses propres forces. Les leaders africains, les entrepreneurs et les citoyens doivent s’unir pour exploiter les immenses ressources du continent, renforcer les institutions locales et promouvoir des partenariats équitables.
L’Afrique n’a pas besoin de mendier. Elle a besoin de croire en elle-même, de valoriser ses ressources et de construire des alliances qui respectent sa souveraineté. Le 7 février 2025 ne marque pas la fin d’une ère, mais le début d’une nouvelle Afrique : une Afrique debout, fière et autonome.
Alamina BALDE, panafricaniste convaincu et défenseur de l’autonomie continentale.