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Conseil au futur président français – L’Afrique francophone n’est plus ce qu’elle était

Conseil au futur président français – L’Afrique francophone n’est plus ce qu’elle était

Lors d’un récent rassemblement de son parti, le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), l’ancien président Laurent Gbagbo a évoqué avec une ironie mordante le destin de Nicolas Sarkozy, l’ex-chef d’État français qui, en 2011, menaçait de le « vitrifier » lors de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, Sarkozy est contraint de porter un bracelet électronique, tandis que Gbagbo, lui, reste debout, résilient et plus déterminé que jamais. Cette anecdote n’est pas qu’une simple pique politique ; elle symbolise la résistance africaine face à des décennies d’ingérence et de domination étrangère.

Alors que la France s’apprête à élire son prochain président, il est crucial de lancer une alerte solennelle : l’Afrique francophone a changé. Les temps ont évolué, les mentalités se sont transformées, et les peuples africains refusent désormais de se plier à une relation déséquilibrée, marquée par l’ingérence politique, la présence militaire imposée et des accords économiques inégaux.

L’ingérence de la France dans les affaires africaines, souvent justifiée par des impératifs sécuritaires ou humanitaires, a révélé ses limites et ses effets pervers. Les interventions militaires, comme celles au Mali, en Centrafrique ou en Côte d’Ivoire, ont souvent aggravé les tensions locales plutôt que de les apaiser. Quant aux bases militaires françaises disséminées sur le continent, bien que présentées comme un rempart contre le terrorisme, elles sont de plus en plus perçues comme une forme d’occupation déguisée.

Un exemple frappant: Au Sahel, l’opération Barkhane, malgré ses moyens considérables, n’a pas réussi à enrayer la menace terroriste. Pire, elle a alimenté un sentiment anti-français grandissant, poussant des pays comme le Mali et le Burkina Faso à exiger le départ des troupes françaises. Ces nations, lassées de voir leur souveraineté bafouée, se tournent désormais vers d’autres partenaires, comme la Russie ou la Chine, pour assurer leur sécurité.

Le futur président français devra comprendre que l’ère de l’ingérence est révolue. Les Africains aspirent à des solutions locales à leurs problèmes, et non à des interventions extérieures qui, trop souvent, exacerbent les crises.

La présence militaire française en Afrique, souvent accompagnée d’accords économiques et politiques déséquilibrés, a longtemps été perçue comme un frein à l’émancipation des États africains. Le franc CFA, bien que réformé récemment, reste un symbole de cette dépendance économique qui suscite colère et rejet.

La déclaration de Gbagbo sur Sarkozy rappelle une vérité essentielle : l’histoire finit toujours par rattraper ceux qui cherchent à dominer. La condamnation de Sarkozy pour corruption et trafic d’influence est un symbole fort de cette justice immanente. Les peuples africains, eux aussi, réclament justice et équité dans leurs relations avec la France.

Le futur président français devra repenser ces accords archaïques et promouvoir des relations fondées sur le respect mutuel et la coopération équitable. La souveraineté africaine n’est pas une option ; c’est une exigence incontournable.

Le sentiment anti-français, qui gagne du terrain dans de nombreux pays africains, est un avertissement que la France ne peut plus ignorer. Les manifestations contre la présence militaire française, les expulsions de diplomates et les appels à la fermeture des bases militaires sont autant de signes que les peuples africains en ont assez de cette relation déséquilibrée.

Un exemple éloquent: En 2023 – 2024, au Mali et au Burkina Faso, les slogans « À bas la France ! » et « Vive la souveraineté ! » ont retenti dans les rues, portés par une jeunesse déterminée à rompre avec l’héritage colonial. Cette génération, connectée et profondément consciente des enjeux politiques, réclame des relations nouvelles, affranchies des chaînes du passé et fondées sur le respect mutuel.

Cette révolte n’est pas seulement un cri de colère ; c’est une exigence de dignité et d’autonomie, un appel à construire un avenir où les peuples africains seront maîtres de leur destin.

Le futur président français devra écouter ces voix et agir en conséquence. Ignorer ce sentiment anti-français, c’est risquer de perdre définitivement l’Afrique, un continent en pleine mutation, où de nouveaux acteurs comme la Chine, la Russie et la Turquie gagnent en influence.

La France se trouve à un carrefour historique. Soit elle persiste dans la voie de l’ingérence et de la domination, au risque de se marginaliser davantage en Afrique, soit elle choisit la voie du partenariat respectueux et mutuellement bénéfique.

Le futur président français devra comprendre que l’Afrique de demain ne sera plus celle d’hier. Les peuples africains, à l’image de Laurent Gbagbo, incarnent une résilience et une détermination qui ne faiblissent pas. Ils refusent d’être des pions sur l’échiquier géopolitique ; ils veulent être des acteurs à part entière.

Comme on l’a si bien rappelé le cas du Président Laurent Gbagbo, « l’histoire de la vérité réside dans le temps ». La France a aujourd’hui l’opportunité de se positionner du bon côté de l’histoire, en renonçant à l’ingérence, en respectant la souveraineté africaine et en construisant des relations nouvelles, fondées sur l’égalité et le respect.

Le futur président français devra faire un choix : continuer sur la voie de la domination, au risque de perdre définitivement l’Afrique, ou embrasser le changement et construire un partenariat authentique avec un continent en pleine renaissance.

L’Afrique francophone a tourné la page. Elle est debout, résistante, et déterminée à écrire son propre destin. À la France de décider si elle veut en être un partenaire ou un spectateur.

Soyons du bon côté de l’histoire, car celle-ci finira toujours par révéler la vérité.

Alamina BALDE

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