Le week-end dernier, à l’université de la Sorbonne à Paris, le président de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée), Cellou Dalein Diallo, s’est exprimé devant un public composé principalement d’étudiants africains. Son intervention portait sur la situation sociopolitique des états l’Afrique de l’ouest notamment la multiplication des coups d’État en et les conséquences profondes de ces crises sur la vie sociopolitique du continent.
Selon Cellou Dalein Diallo, cette situation reflète une dynamique préoccupante à l’échelle de toute la région.
« Depuis 2020, six coups d’État militaires ont été enregistrés en Afrique de l’Ouest : deux au Mali, deux au Burkina Faso, un en Guinée et un au Niger. À chaque fois, les militaires justifient leur prise de pouvoir par la nécessité de mettre fin à la mauvaise gouvernance et à l’insécurité. Mais très vite, ces transitions dégénèrent en confiscation du pouvoir, en aggravation de la corruption, en répression des libertés et des droits humains. »
Un impact direct sur l’émigration des jeunes Africains
Cette instabilité politique a des conséquences dramatiques sur la jeunesse africaine. Le manque d’espoir, d’emplois et de perspectives pousse de nombreux jeunes à fuir leur pays.
« Là où les transitions s’éternisent, où les élections sont truquées, où les libertés sont étouffées, l’horizon se ferme pour des millions de jeunes. Ils perdent confiance dans la parole publique, dans la justice, et choisissent l’exil. En 2023, plus de trois millions de personnes ont été déplacées par les conflits au Mali, au Burkina Faso et au Niger. »
Il rappelle par ailleurs que : « la Guinée a été le premier pays africain demandeur d’asile en France. »
Selon l’ancien Premier ministre guinéen, cette instabilité a également des répercussions hors d’Afrique, notamment en Europe.
« Les passerelles se ferment, la xénophobie gagne du terrain, et les démocraties européennes se fragilisent, prises entre leurs principes et leurs peurs. Ainsi, la mauvaise gouvernance qui pousse nos jeunes à partir devient, à distance, un facteur d’instabilité politique dans d’autres régions du monde. »
Un appel fort à la démocratie et à l’État de droit
Cellou Dalein Diallo a conclu son intervention en appelant à un sursaut démocratique, tant du côté des États africains que de leurs partenaires internationaux.
« Il faut adopter d’autres politiques, fondées sur le respect de la loi, l’indépendance de la justice, la protection des droits et libertés citoyennes. Le pouvoir doit protéger la République et assurer l’intégrité du territoire national. »
Enfin, il a lancé une mise en garde claire.
« La stabilité n’a aucune valeur si elle est construite contre le droit et la dignité humaine. La démocratie n’est pas une valeur importée : elle est la condition de la paix durable et du développement partagé. C’est le seul rempart contre les transitions sans fin et les fractures sociales qui, de Conakry à Niamey, de Ouagadougou à Bamako, menacent de disloquer nos sociétés. »
Aïssatou Dalanda Ly






