La situation actuelle de la guinée était bien prévisible pour les observateurs avertis. Le mystère résidait sur la question, comment nous allons en arriver là. Cette tribune publiée depuis 2020 est retrouvée dans les archives des médias en est illustration parfaite. Donc, elle est à lire et méditer pour les doués d’intelligence.
Certes, elle va paraitre comme une prophétie pour les uns, comme une prémonition pour d’autres, mais,l’évidence est qu’elle est fruit d’une clairvoyance. Alors, il faut dire que, l’analyste politique doit se référer du passé, observer le présent pour prévoir l’avenir.
La déclaration du Président Alpha CONDE au sujet de son éventuelle candidature à la présidentielle de 2020 est une grave entrave à l’évolution démocratique en Guinée et à toute la sous-région Ouest-africaine.
Ce Jeudi 06 Aout, la guinée s’est jetée dans la baignoire de la honte, asphaltée d’un liquide nauséabond, elle est complètement trempée.
Errant dans la vaste savane tel un bétail sans berger, elle est devenue le symbole de la perdition.
Perdue et perturbée dans un sentier étriqué, le pays est comme un aveugle sans guide.
Sans ambages, ils ont souillé le reste de leur honneur, effrité leur image, ruiné la glorieuse lutte politique du RPG.
Malheureusement, ils ont emprunté le chemin tordu pour se diriger droit vers la décadence.
Ce Jeudi 06 Aout, ils ont déshonoré les martyrs de la démocratie.
Ils ont altéré l’idéal politique de l’institution qui les a portés à tête de la Nation, le RPG des années 1993 à 2010.
Ce Jeudi 06 Aout, ils ont enterré notre jeune démocratie puis ressuscité les vieilles pratiques, pouvoir à vie.
Par la force des choses, ils ont instauré la monarchie sous les regards impuissants des démocrates convaincus.
En ce jour mémorable, dans la salle de congrès du palais, ils ont entonné le cantique de la honte, avili le discours politique, rabaissé l’acteur politique, ridiculisé la République.
De par leurs mains, ils ont étranglé, agonisé puis assassiné notre démocratie.
Intentionnellement, dans l’empire de la conspiration, ils ont commandité le pillage systématique des fondements de la république.
Devant un public hétérogène, les uns corrompus, les autres innocents, ignorants, ils soulèvent leurs mains ensanglantées à la quête d’une euphorie égarée.
Sciemment ou et inconsciemment, on clame pour des mains qui portent l’empreinte de la trahison.
De par ces agissements sans scrupule, irrespectueux, et irresponsable, la Guinée renoue avec ses crises politiques intempestives.
Désormais, en lieu et place des sujets d’économie susceptibles de financer des projets de développement, le débat sera accès sur des dialogues politiques pour désamorcer des crises répétitives.
Autrement, l’employabilité des jeunes longtemps attendu ne sera qu’un lointain souvenir.
La République de Guinée au centre de tous les débats, pire, au cœur de tous les dangers.
La CEDEAO, l’UA, l’UE, l’ONU, toutes ces organisations focalisent leur attention sur la délicate situation de la guinée.
L’obstination et l’entêtement d’un homme dans l’orientation politique ne feront qu’empirer la situation et radicaliser les positions.
Le mépris des lois, la violation des droits, la diabolisation des adversaires, la répression des contestations ne produisent qu’instabilité, violences et destructions.
Dommage, qu’ils ne puissent prendre de la hauteur, pour estomper les dissidences germées dans le jardin de leur avarice.
Dommage qu’ils n’aient pas l’intelligence nécessaire pour flairer les conséquences éventuelles d’une aventure rocambolesque pour un pays comme le nôtre.
Dommage qu’ils ne soient pas hantés par l’envie de laisser au pays un héritage pérenne, plutôt de le charcuter, le vider de tout son contenu.
Malheur aux chefs qui, sommet de leur arrogance méprisent les gémissements d’un peuple mourant.
Malheur aux chefs qui, érigent leurs fantasmes en règles de conduite, conduisent l’Etat droit vers la décadence.
Une république est régie par des lois, elles seules doivent gouverner les rapports et non les désidératas d’un homme ou groupuscule d’hommes orgueilleux et malhonnêtes.
La Guinée est loin d’être l’apanage de quelques individus placés à la sphère de l’Etat, aucun n’est autorisé de transformer ce pays en une entreprise privée.
Toute autorité qui se montre indifférente face aux réclamations de son peuple mérite mépris et répugnance.
Toute autorité qui se rend coupable des maltraitances à l’encontre de son peuple mérite la foudre de sa colère.
Les exactions sont pour les frustrations et la colère ce que les aliments sont pour les corps, elles sont une sève nourricière.
Plus une autorité s’ancre par la terreur et l’horreur, plus une distance se crée entre elle et son peuple, plus les sentiments se détériorent, plus le peuple se radicalise.
Il faut craindre l’éventuelle réaction d’un peuple dont les frustrations et la colère se cachent sous l’ombre de la terreur.
Il faut être frappé par une ineptie grandissante pour croire que la terreur, l’instrumentalisation, et ou la corruption peuvent conduire longtemps les destinées d’une Nation.
Il est inintelligent d’arguer, le peuple oublie si vite, donc, inutile de craindre les impacts futurs d’une attitude obscène.
Sans doute, la date du 06 Aout 2020 s’inscrira dans l’histoire sombre de la Guinée, elle laissera des marques indélébiles dans la mémoire collective.
Les Guinéens s’en souviendront d’elle, ils l’écriront dans des articles de presse, la graveront sur les murs, la décoreront sur les paumes de leurs mains, la porteront dans leurs cœurs.
Il arrivera un jour, cette date sera inscrite dans les manuels scolaires, enseignée à la postérité pour éviter au pays la récidive.
Il arrivera un jour, la Guinée dans son ensemble, dans toute sa diversité se lèvera pour commémorer cette date en scandant le slogan <<plus jamais ça en Guinée >>.
Il arrivera un jour, les artisans de cette salle magouille seront présentés à leurs petits fils comme les symboles de la traitrise.
Un jour, la postérité sera en droit de savoir que les uns ont choisi les privilèges à la place de la République.
Boubacar Pelly BAH
Activistes de la société civile guinéenne