Guinée : communiqué du CNRD
« Il est demandé à tous les propriétaires de véhicule stationné, de gargotte, commerce ou encombrant de quelque nature que ce soit de bien vouloir prendre les dispositions idoines afin de libérer les voies publiques avant l’échéance [du 10 février 2023]. »
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« Les moyens roulants ou autres saisies seront transportés à Kouria [à 70 km de Conakry] où la perception sera conditionnée au paiement d’une amende conséquente dans le délai imparti. À l’expiration du délai fixé, les moyens roulants non encore récupérés seront purement et simplement INCINÉRÉS. »
Alors, où les fonctionnaires et autres travailleurs vont-ils garer leur voiture à Kaloum, puisqu’il n’y a pas d’autres parkings que les trottoirs ?
Où la plupart des habitants de Conakry vont-ils garer leur voiture la nuit si leur maison n’a pas de cour ou s’ils sont des locataires dans un immeuble sans parking souterrain ?
Quant aux braves femmes propriétaires de gargote, comment vont-elles faire vivre leur famille et où les travailleurs ordinaires, mal rémunérés, vont-ils manger pendant les pauses de travail ?
Comment les citoyens qui exercent un petit métier au bord des voies urbaines en guise de système D de survie vont-ils vivre ?
Comment ? Comment ?
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La misère est déjà trop grande en Guinée depuis que Koro a été évincé. Elle a fait mourir beaucoup par crise cardiaque, suite à un excès de soucis ou à une indignité subite face à leur famille à laquelle ils ne peuvent plus subvenir aux besoins avec les décisions officielles inconsidérées qui ont fait péricliter les affaires dans le pays et dans tous les secteurs, ou suite à la perte de leur emploi, ou par désespoir face aux perspectives d’avenir inexistantes (j’en ai connus de jeunes victimes, REP), ou par courte maladie ou par maladie chronique, faute d’argent pour se soigner.
Mais, semble-t-il, on n’a encore rien vu. Bientôt les citadins vont devoir fuir vers la cambrousse, la brousse et la forêt, voire les montagnes pour vivre de fruits sauvages et entrer en conflit alimentaire impitoyable avec les singes et autres animaux végétariens, ou encore attaquer toute sorte de bêtes avec des pierres, massues, bolas, lances ou sagaies comme les hommes des cavernes pour se goinfrer de leur chair…
Bon, personnellement, lorsque j’étais scout dans mon adolescence, j’avais appris à construire dans la nature hostile une hutte étanche face aux prédateurs et aux intempéries et à dresser des pièges à l’entour pour attraper les oiseaux et les petits animaux. Je vais peut-être devoir mettre en pratique ces connaissances. Elles pourraient m’être très utiles bientôt, au moins pour m’affranchir d’un loyer et me remplir la panse tous les jours, comme Robinson Crusoé. L’homme étant un être en situation, j’ai encore assez de vigueur pour y faire face.
Ah, joubliais, argh damned ! les animaux sauvages sont devenus rares sur le territoire par anthropisation. Mon projet en devient utopique.
Bon, je n’ai plus le choix, je vais me faire charlatan, des fois que je tomberai sur une personne crédule en quête d’un poste administratif juteux ou sur un homme ou une femme qui voudrait envoûter une personne de l’autre sexe pour l’avoir à sa dévotion. Il paraît que ça rapporte énormément en Afrique.
C’est immoral, je sais, de profiter de la naïveté des gens, mais nécessité fait loi. Il faut bien que je gagne ma vie. N’est-ce pas ?