La décision des forces vives de reporter leur marche du 20 mars a été la première qui fut vraiment difficile à prendre depuis que la plate-forme a été lancée.
Un accouchement dans la douleur et les tiraillements avant un consensus de principe salutaire. Les uns, ont voulu jusqu’au bout, croiser le fer avec le CNRD pour le forcer à des concessions nécessaires à redresser le cours de la transition en prenant en compte les desiderata des acteurs majeurs de la vie politique nationale. Les autres ont souhaité accorder le bénéfice du doute aux notabilités religieuses dans leur médiation visant à satisfaire les revendications des forces vives sans sueurs ni sang , après les premières victimes enregistrées dans les manifestations anti-CNRD.
Si beaucoup parmi les acteurs opposés à la conduite actuelle de la transition ne voient de solutions que dans l’épreuve de force frontale, d’autres devenus minoritaires préconisent d’épuiser toutes les voies de recours en saisissant la moindre opportunité d’un règlement pacifique des différends. Ainsi, l’opinion aura été prise à témoin d’une bonne foi certaine et d’une volonté incontestable de préférer le dialogue et le compromis à une confrontation aveugle que tous les signes laissent croire encore inévitable.
Les autorités religieuses du pays, appelées à la rescousse par le Premier ministre qui a perdu la main et qui semblent aussi avoir la confiance des forces vives décidées à les mettre à l’épreuve, sont donc face à leurs responsabilités maintenant et devant l’histoire également. Elles n’ont pas droit à l’erreur, à ce stade, car tous les yeux sont rivés sur elles dont dépend désormais la paix et l’instabilité dans le pays, selon qu’elles soient à la hauteur de tous les espoirs nourris ou passent à côté de leur mission impérieuse de bons offices.
En attendant, le énième report de la marche des forces vives comporte des leçons importantes à méditer. L’UFDG et son leader qui sont considérés comme l’aile dure de la classe politique et passent aux yeux d’une frange de l’opinion comme des va-t-en guerre, ironie du sort, ont pesé dans les débats pour obtenir la trêve. La difficulté à rallier les autres composantes des forces vives à leur position indiquent clairement qu’au sein de cette coalition, la fermeté et la défiance à l’encontre de la junte sont la chose la mieux partagée.
Des voix qui s’élèvent pour regretter et dénoncer le report en sont une parfaite illustration. Aussi bien les autorités de la transition que les chefs religieux qui sont l’interface entre les différentes parties doivent comprendre que la plupart des politiques, aujourd’hui, ne croient plus à une solution négociée avec le CNRD vu comme un adversaire au lieu du partenaire des débuts euphoriques.
Le dernier report des manifestations pour honorer les leaders religieux et accorder aussi une ultime chance aux promoteurs d’une transition apaisée et inclusive, constitue un tournant pour aller de l’avant ou revenir en arrière.
Un sursis au CNRD ou le calme qui annonce la tempête ?
Les prochains jours édifieront. Tout le pays retient son souffle.
L’édito de la rédaction lerevelateur224.com