Dans une déclaration rendue publique ce mardi 12 novembre 2024, les Forces Vives de Guinée ont dénoncé une transition détournée par le CNRD, qui, après avoir promis un retour rapide à l’ordre constitutionnel, s’est installée dans la dictature. Trois ans après le coup d’État du 5 septembre 2021, les acteurs sociopolitiques, réunis au sein de ladite structure, appellent le peuple à se lever pour exiger le départ de la junte et réclamer une transition civile avant le 1er janvier 2025.
Les Forces Vives font remarquer, à travers cette déclaration, que les autorités au pouvoir semblent loin de tenir leurs engagements, plongeant la nation dans une crise économique, sociale et politique sans précédent. Face à cette situation qui ne cesse de se détériorer du jour au lendemain, cette coalition d’acteurs sociopolitiques a lancé un appel vibrant à la mobilisation pour exiger la fin de la transition dirigée par le CNRD, qu’elles qualifient de « régime illégitime » et de « traître ».
Dans ce communiqué, elles (forces vives) rappellent que la junte avait promis de mettre fin à la mauvaise gouvernance, d’assurer la liberté d’expression et de restaurer l’État de droit, les promesses qui, selon ces acteurs, sont restées lettre morte.
À lire ce communiqué, il faut noter que le principal grief des Forces Vives concerne la trahison du serment prêté par le Colonel Mamadi Doumbouya, qui avait juré, devant la nation et la communauté internationale, de ne pas briguer la présidence une fois la transition terminée. Or, lit-on dans les lignes de ladite déclaration, la possibilité d’une candidature du patron du palais Roi Mohamed V à l’élection présidentielle de 2025 devient de plus en plus probable, ce qui constitue, selon les Forces Vives, un « parjure » et un véritable affront à la volonté populaire.
Cette dérive, avertissent-elles, ne fait qu’aggraver l’instabilité politique de la Guinée et encourager les coups d’État militaires à travers toute la sous-région, un danger qui menace la démocratie en Afrique de l’Ouest.
Autres points évoqués par les Forces Vives, c’est la violation des droits humains et libertés publiques. Sous le régime actuel, mentionnent-elles, la répression des libertés publiques est systématique ? Les médias indépendants sont muselés, les partis politiques et les organisations de la société civile sont étouffés. Des journalistes, militants et citoyens ont été victimes de poursuites judiciaires abusives, tandis que plusieurs stations de radio, telles qu’Espace FM et FIM FM, ont été fermées.
» La liberté d’expression, pourtant un pilier fondamental d’une démocratie, a été criminalisée. L’arrestation et la disparition de personnalités de la société civile, comme Foniké Mengué et Billo Bah, sont des symboles tragiques de cette dérive. La répression des manifestations pacifiques a également été marquée par des violences extrêmes, avec 63 jeunes tués par les forces de sécurité lors de rassemblements pacifiques », ont-elles écrit.
Les Forces Vives dénoncent également l’aggravation de la misère économique, exacerbée par la hausse du coût de la vie et l’incapacité du régime à offrir des services essentiels comme l’accès à l’eau potable, à l’électricité et à l’éducation. Les ressources naturelles du pays, en particulier les revenus miniers, sont détournées à des fins personnelles par les membres du régime, plongeant une grande partie de la population dans la pauvreté.
Les jeunes, particulièrement touchés par ce climat de répression et de frustration, sont appelés à se joindre à la lutte pour leurs droits et leur avenir. Les femmes, qui portent le poids de la crise économique et sociale, sont également appelées à s’engager pour un changement radical. Quant aux forces armées, les Forces Vives rappellent que leur mission est de protéger la nation, et non de servir les intérêts personnels d’un groupe au pouvoir.
Face à cette situation, les Forces Vives appellent à une mobilisation générale. Dans cette déclaration, elles demandent au peuple guinéen, dans toute sa diversité, de se rassembler pour exiger le départ du CNRD et la mise en place d’une transition civile avant le 1er janvier 2025.
« L’unité et la mobilisation sont notre seul salut », affirment-elles, soulignant qu’il est crucial d’unir toutes les forces vives de la nation pour sortir de cette impasse.
Mariama Dalanda BAH.