Dans une récente interview accordée à notre rédaction, Alpha Oumar Labo Gadjiko, vendeur de tam-tam communément appelé tabala, a partagé des réflexions profondes sur le rôle essentiel de cet instrument traditionnel dans la culture africaine. Selon lui, le tam-tam « a été fabriqué à l’occasion du djihad pour le triomphe de l’islam. » Son histoire est ancrée dans des événements marquants, où, après la victoire des musulmans, « il a été frappé pour annoncer la victoire » et le drapeau de l’islam hissé haut.
Le tam-tam, qui résonnait à travers les villages, était bien plus qu’un simple instrument de musique. Gadjiko souligne qu’il « représentait aussi les téléphones d’aujourd’hui », mobilisant les communautés autour d’annonces importantes. La manière dont le tam-tam était utilisé pour les rites funéraires témoigne de son importance sociale : « Quand un vieillard décédé, on l’a frappé 9 fois ; par contre, si c’était une femme, on l’a frappé 6 fois. »
Selon lui, la fabrication du tam-tam avait aussi ses valeurs culturelles. Il est traditionnellement réalisé en bois taillé en forme ronde et couvert de peau de bœuf. Pour un chef, « on couvre le tam-tam avec la peau d’une vache, » une pratique qui souligne le statut et la dignité accordés aux chefs dans la société. Gadjiko raconte que « avant, on échangeait la tabala avec un grand bœuf qu’on immolait et partageait la viande pour la population. » Ainsi, la peau de l’animal servait à la fabrication de l’instrument, renforçant le lien entre la musique et la communauté.
Actuellement, le prix d’un tam-tam varie entre 2 millions et 4 millions FG, selon sa taille. Cependant ce vendeur de tabala, note un changement dans les rôles traditionnels, précisant qu’auparavant, « les personnes habilitées à taper la tabala étaient les fils des chefs, les gardes du corps des chefs, et nous les (lawbés). » Aujourd’hui, ce privilège s’est élargi : « Même les femmes peuvent taper le tam-tam appelé tabala. » a-t-il précisé.
À l’en croire, la tabala n’est pas seulement un instrument de musical, c’est aussi un vecteur de communication et de rassemblement.
Par Mariama Dalanda Bah