Dans une récente intervention, Abdoul Sackho, coordinateur national du Forum des Forces Sociales de Guinée, a mis en lumière les enjeux de l’état civil en Guinée, notamment l’octroi gratuit des jugements supplétifs pour les enfants non enregistrés à la naissance. Depuis 2018, la société civile s’engage activement pour pallier les lacunes du système d’enregistrement des naissances, un problème qui touche particulièrement les zones rurales et les populations défavorisées. Selon Sackho, bien que les autorités politiques affichent souvent des engagements publics, leur mise en œuvre reste insuffisante, notamment pour ce qui est de garantir un accès facile et gratuit à l’enregistrement des naissances.
Il a souligné que l’une des premières étapes cruciales pour exercer pleinement sa citoyenneté, et accéder à des services essentiels comme l’éducation ou les documents d’identité, est la possession d’un acte de naissance. Toutefois, de nombreux enfants, surtout dans les zones reculées, n’ont pas de documents d’état civil à cause de l’absence de déclaration à la naissance. Dans ces cas, un jugement supplétif est requis, mais ce processus reste complexe et parfois dissuasif, surtout en raison de la phobie de la justice chez certaines populations.
Pour Sackho, la modernisation de l’état civil, lancée en 2018, devrait se focaliser sur la simplification de ce processus et l’extension de la gratuité à l’ensemble des démarches liées à l’obtention des actes de naissance. Il estime que cette initiative pourrait considérablement réduire les inégalités sociales et offrir une meilleure chance aux populations vulnérables d’accéder à leurs droits. Cependant, il reste sceptique quant à l’efficacité de la mise en œuvre de cette politique, surtout au regard des difficultés administratives rencontrées par les citoyens pour accéder aux services.
L’appel de Sackho repose sur la nécessité d’un changement systémique dans la gouvernance de ces processus, soulignant l’importance d’une approche participative et inclusive. Il a aussi mentionné les faiblesses liées au système RAVEC (Registre des Actes de Naissance, Mariages et Décès), qui reste insuffisant pour couvrir l’ensemble du territoire et répondre aux besoins de la population. Pour lui, l’un des plus grands défis reste l’application de la gratuité sur le terrain, notamment en matière d’administration, de sécurité et de logistique.
En conclusion, Abdoul Sackho a appelé les autorités à concrétiser leurs promesses en prenant des mesures administratives, techniques et sécuritaires pour assurer que tous les Guinéens, y compris les plus démunis, puissent accéder gratuitement et facilement à leurs actes d’état civil. Il a également souligné que sans une gestion rigoureuse et une volonté politique claire, la modernisation de l’état civil risque de ne rester qu’une promesse sans impact réel pour les citoyens.
Par Mariama Dalanda Bah